S’il vous arrive régulièrement de penser ou verbaliser les phrases suivantes, alors vous êtes certainement concerné.e par le syndrome de l’imposteur : « c’est vraiment juste la chance qui m’a permis d’avoir ce super poste », « je n’ai pas fait de grandes études donc je ne sais pas grand-chose après tout », « je n’ai pas autant d’expérience que toi, donc je ne suis pas crédible », « mon chef va sans doute bientôt réaliser que je n’ai pas les compétences requises pour ce poste ». Le syndrome de l’imposteur se caractérise donc par l’action de tromper autrui par de fausses apparences ou des allégations mensongères. C’est le fait de se faire passer pour se qu’on n’est pas, de mettre en avant des qualités que l’on n’a pas et ainsi de prendre le risque d’être démasqué.
Une histoire d’imposture
Voici une anecdote personnelle. En 2008, après avoir suivi un cursus universitaire en psychologie, je décidais de me réorienter en école de commerce. C’est mon côté obscur de la force. J’avais postulé à toutes les écoles de commerce de France, pensant que mes chances d’être admise avec un bagage en psychologie seraient faibles. Lorsque j’ai été acceptée dans l’une des meilleures écoles de commerce françaises, trois réactions se sont produites en l’espace de quelques secondes. Tout d’abord, j’ai été extrêmement surprise, puis j’ai été super heureuse et enfin, je suis revenue sur terre : « non mais en fait, ça doit être un problème informatique, ils m’ont acceptée par erreur. »
Les semaines qui ont suivi, j’ai attendu le mail d’erreur. Il n’est pas arrivé. Le jour de la rentrée, j’ai attendu que l’on vienne m’escorter à la sortie de l’école. Je m’attendais presque à ce qu’une brigade de police me reconduise chez moi, mais il ne s’est rien passé de tel. Les trimestres se sont écoulés, j’ai validé tous mes examens en me disant que, le cas échéant, j’utiliserai mes bons résultats comme un levier de négociation pour rester dans l’école. Et quelques années plus tard, j’ai obtenu mon diplôme. J’étais la première imposteur / fraude / étudiante à être diplômée de cette école après un parcours universitaire en psychologie. Ça n’a jamais été une erreur.
Qu’est-ce que le syndrome de l’imposteur ?
Le sentiment d’être une fraude ou de ne pas mériter le succès est connu sous le nom communément répandu de « syndrome de l’imposteur ». C’est avoir l’impression de tromper autrui pour ce qu’on n’est pas et avoir peur d’être démasqué. Vous l’aurez deviné, le syndrome de l’imposteur est lié aux notions d’estime de soi et de confiance en soi. Lorsque l’on ne croit pas en ses capacités, on pense en permanence que l’on ne mérite pas ce qui nous arrive : c’est juste de la chance, c’est grâce aux autres, aux circonstances, à une erreur informatique, etc.
Le terme de « syndrome de l’imposteur » a été popularisé par la psychologue américaine Pauline Clance en 1978. Elle a elle-même vécu de nombreux succès académiques et professionnels dans sa carrière. Pourtant, elle continuait à sentir qu’elle ne méritait pas ce succès. Dans sa tête, toutes les bonnes choses qui lui arrivaient étaient dues au hasard, et elle n’était qu’un imposteur, surtout quand elle se comparait aux autres.
Note : le syndrome de l’imposteur n’est pas un « syndrome » au sens clinique du terme. Il a d’ailleurs été requalifié de « phénomène de l’imposteur ». L’appellation de « syndrome de l’imposteur » étant plus communément utilisée, j’ai choisi de garder ce terme dans l’article.
Qui sont les victimes du syndrome de l’imposteur ?
Le syndrome de l’imposteur est beaucoup plus répandu qu’on ne l’imagine !
Les meilleurs communicants montrent une certaine confiance en eux quand ils s’expriment. Lorsque l’on se compare à eux, cela a tendance à nous renvoyer un sentiment d’infériorité, ce qui renforce le sentiment d’imposture : « ce mec a l’air tellement sûr de lui, il doit avoir raison et j’ai tort ». Est-ce que cela veut dire que les meilleurs communicants, ceux qui dégagent beaucoup d’assurance, ne ressentent pas ce phénomène d’imposture ? Non !
Des études scientifiques menées par l’équipe de Clance (la psychologue américaine) ont démontré que la plupart des gens, voire même presque tous, ressent ce sentiment d’imposture. En revanche, il existe des nuances entre les hommes et les femmes.
Les hommes sont-ils épargnés par le syndrome de l’imposteur ?
Avez-vous regardé la série Netflix Suits ? C’est une série américaine qui se déroule à Manhattan dans un prestigieux cabinet d’avocats. Un avocat très ambitieux et qui porte des costards taillés sur mesure (Harvey Specter) a besoin de quelqu’un pour l’épauler. Son choix se porte sur Mike Ross, un jeune homme très brillant mais sans diplôme. On pourrait naturellement penser : oh la la, il va prendre cher Mike Ross ! Il va se faire démolir, il n’a même pas le diplôme, comment peut-il être à la hauteur ? Si j’étais lui, je me sentirais comme un imposteur ! Pourtant, Mike est hyper serein dans la série, car il a confiance en ses capacités et en sa mémoire photographique de ouf qui lui a permis de retenir tous les articles de loi. Donc le diplôme d’avocat, il se le met où je pense, Mike.
Voici ma question : est-ce que Mike Ross est représentatif de la gente masculine ? Est-ce que les hommes ressentent moins, voire pas du tout, le syndrome de l’imposteur ?
La majorité des femmes indique ressentir le syndrome de l’imposteur
En 1978, la psychologue Clance a conduit une étude avec 178 femmes américaines de classe moyenne, pour voir si elles expérimentaient le syndrome de l’imposteur. Les résultats ont montré que la majorité de ces femmes ne se sentaient pas à leur place ou se sentaient comme une fraude, bien que la répétition de leurs succès et réalisations démontre le contraire.
Les hommes ressentent le syndrome de l’imposteur tout autant que les femmes !… Mais ils ne le disent pas
En 1993, Clance a recommencé l’étude, cette fois-ci avec des hommes. Les résultats ont montré que les hommes sont en fait tout autant affectés que les femmes par le syndrome de l’imposteur. Mais la différence est qu’ils ont tendance à garder cela pour eux-mêmes et n’admettent uniquement ces sentiments que sous couvert d’anonymat.
Autrement dit, dans la série Suits, Mike Ross n’en parle pas trop sur l’oreiller avec Megan Markle, mais en réalité, il est peut-être super assailli par le syndrome de l’imposteur. Il flippe grave d’être démasqué, de ne pas être à la hauteur, Mike !
Syndrome de l’imposteur : le test
Vous n’êtes encore pas sûr.e d’être concerné.e par le syndrome de l’imposteur ? Faites le test ! Si vous répondez « oui » à cinq ou plus des questions suivantes, alors vous êtes, comme la grande majorité des gens, concerné.e par le syndrome de l’imposteur.
Comment se débarrasser du syndrome de l’imposteur ?
Comme vous avez pu le voir avec les expériences menées par la psychologue Pauline Clance, le complexe d’infériorité est fréquent. Aucun niveau de succès ou de réussite n’est suffisant pour s’en débarrasser. Ce qui aide en revanche, c’est de garder à l’esprit à quel point le syndrome de l’imposteur est présent partout, et de se souvenir que la plupart des êtres humains, si ce n’est tous, en souffre.
Lorsque vous comprenez cela, vous réalisez qu’il n’y a que deux explications possibles derrière le syndrome de l’imposteur :
- Soit nous sommes vraiment tous des imposteurs, personne n’est à sa place,
- Soit nous avons tous des problèmes d’estime de soi.
Spoiler alert : la seconde option est vraie ! Alors la prochaine fois que vous sentirez le syndrome de l’imposteur pointer le bout de son nez, par exemple juste avant une présentation importante, dites-vous que toutes les personnes dans la pièce sont concernées par cela. Et si le sentiment d’infériorité a des répercussions négatives significatives dans votre quotidien (perte de vos moyens, perte accrue de confiance en vous, etc.), c’est peut-être le signe qu’il est temps d’entamer un travail sur votre estime et confiance en vous.
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