15 conseils pour les profs de yoga débutants

Je n’ai jamais rêvé d’être prof de yoga. J’ai passé deux certifications pour profs de yoga, mais mon objectif n’était pas particulièrement d’enseigner. Je voulais apprendre. Je souhaitais améliorer ma pratique d’abord, et je voulais apprendre la théorie et la philosophie du yoga ensuite.

C’est donc un peu par hasard que j’ai commencé à donner des cours. Des amis m’en ont tout d’abord fait la demande. Puis j’ai organisé des cours dans des parcs de Bangkok. Ensuite, j’ai été contactée par d’autres personnes pour des cours privés, des cours collectifs, des cours en ligne, dans des hôtels, etc. Récemment, je donnais également des cours à des personnes en sevrage de drogue et d’alcool dans un rehab centre en Thaïlande. Différents publics, différentes pratiques donc.

Pourquoi ces conseils pour les profs de yoga débutants ?

Cela fait deux ans que je donne régulièrement des cours. Je ne suis pas super expérimentée, mais je ne suis plus complètement débutante. Il m’arrive de recevoir des messages d’amies certifiées profs de yoga en même temps que moi, et n’ayant pas encore franchi le cap de donner des cours. Elles se posent tout un tas de questions. Comment préparer mon cours ? Comment m’adapter à la diversité des publics ? Faut-il faire payer ou ne pas faire payer ? etc. Je me suis dit que cela pouvait faire l’objet d’un article de blog. Voici donc quelques conseils pour les profs de yoga qui débutent. Ces conseils sont issus de mon expérience et mériteraient certainement d’être complétés. N’hésitez pas à poser les questions qui vous trottent dans la tête (et qui vous empêchent certainement de dormir la nuit) ou à ajouter des conseils en commentaires !

Mes 15 conseils pour les profs de yoga qui débutent

  1. En début de cours, demander si les participants ont des blessures ou des douleurs
  2. Demander s’ils acceptent d’être ajustés/ touchés
  3. Mettre le groupe à l’aise dès le début, surtout les débutants
  4. Inviter le groupe à faire un break à tout moment
  5. Enseigner le style de yoga pour lequel on est à l’aise
  6. Être transparent et dire que l’on débute en tant que prof de yoga
  7. Mémoriser une séquence d’une heure, qui sert de base à tous les cours
  8. Prendre en compte que la droite et la gauche sont inversées quand on est face au groupe
  9. Rassurer les débutants, les encourager, et ne pas faire de postures trop difficiles
  10. Dans un cours de niveau mixte, prévoir des variations de postures
  11. Pour les cours particuliers ou les petits groupes, adapter le contenu en fonction des demandes
  12. Demander des feedbacks à la fin du cours
  13. Proposer un tarif attractif, pour s’entrainer et acquérir des clients
  14. C’est ok de ne pas plaire à tout le monde !
  15. Jetez-vous à l’eau !!!

1/ En début de cours, demander si les participants ont des blessures ou des douleurs

Demander aux participants s’ils ont des douleurs ou blessures permet d’identifier 1/ les postures à éviter, 2/ les postures qui leurs sont éventuellement bénéfiques. Par exemple, une personne s’étant foulée le poignet récemment ne sera vraisemblablement pas à l’aise avec les postures d’arm balance et celles qui nécessitent d’avoir le poids du corps sur les mains (planche, chien tête en bas, etc.). Dans le cas des maux de dos, de nombreuses postures contribuent à soulager ces maux : flexions latérales, torsions dorsales, etc. Même si vous avez oublié le contenu de vos cours d’anatomie, ce n’est pas grave. Ce qui importe, c’est de dire aux participants concernés d’éviter toute posture dans laquelle ils ne se sentent pas à l’aise. Cela vaut aussi pour tous les participants d’ailleurs ! En effet, tous les participants n’ont pas forcement conscience (ou oublient) la présence d’anciennes blessures ou douleurs.

2/ Demander s’ils acceptent d’être ajustés/ touchés

Bien qu’il soit important d’ajuster les postures de chacun, certaines personnes ne sont pas à l’aise avec le contact physique. Ceci s’est considérablement accru en contexte de pandémie. Il est nécessaire de respecter ce choix et de s’adapter à chacun. Il est donc possible de mentionner en début de cours : « si vous n’êtes pas à l’aise avec le contact physique au moment de l’ajustement, n’hésitez pas à me le mentionner ». Ou bien pendant le cours, demander : « ça te va si j’applique une pression ici ? », « tu es ok si je t’ajuste dans la pose ? ». On évite le : « ça te va si je te touche ? ». De même lorsque le public est masculin, je prends plus de précautions aussi. On n’est jamais à l’abris d’un malentendu… Quoiqu’il en soit, il est tout à fait possible d’ajuster une posture sans contact physique. Il s’agit de montrer en miroir comment la personne est actuellement positionnée et ce qu’elle peut faire pour s’ajuster.

3/ Mettre le groupe à l’aise dès le début, surtout les débutants

Il faut chouchouter les débutants, surtout ceux qui se présentent à un cours pour la première fois. Cela demande tellement de courage de franchir la porte d’un studio, en étant complètement novice. Les débutants disent souvent, honteux : « je n’ai jamais fait de yoga donc je ne suis vraiment pas souple ». Tant mieux ! Le yoga s’adresse avant tout à ce public. Ce sont eux qui ont a priori le plus de tensions et/ ou de stress accumulés dans le corps. Mettons à l’aise les débutants : c’est normal de ne pas pouvoir réaliser toutes les postures, c’est normal de se sentir perdu.e.s au début, c’est normal de ne pas parvenir à synchroniser les postures et la respiration, etc. En début de cours, je conseille de leur dire qu’ils sont libres de tester toutes les poses, et de ne pas faire celles qu’ils ne veulent pas faire. Selon moi, un cours bien mené, c’est un cours à l’issue duquel les grands débutants sont satisfaits car ils ont réalisé que le yoga est bien plus accessible que ce qu’ils pensaient. Ça n’a rien à voir avec les photos farfelues sur Instagram…

4/ Inviter le groupe à faire un break à tout moment

Dans l’enthousiasme de nos premiers cours, on oublie parfois d’inclure une petite pause ! J’aime mettre les participants à l’aise – surtout les débutants- en leur indiquant dès le début du cours qu’ils peuvent faire une pause à n’importe quel moment. On n’est pas à l’armée ! Bien que ce ne soit pas indispensable, il est quand même confortable d’allouer quelques secondes – il ne s’agirait pas d’être trop généreux non plus – pour une pause. Cela permet de souffler et de boire une gorgée d’eau. J’inclus généralement une mini-pause après des postures un peu plus intenses que les autres. Par exemple : après une salutation au soleil, ou des postures debout (guerrier, triangle, etc.). Pour connaitre le bon moment, la clé est d’observer les participants et d’être attentif à leurs soupirs, gouttes de sueur et regards qui tuent. Je me souviens de mes premiers cours de yoga, je jetais des regards qui tuent à chaque posture du Guerrier !

5/ Enseigner le style de yoga pour lequel on est à l’aise

La formation classique pour les profs de yoga – le fameux 200 heures – initie généralement à une diversité de styles de yoga. Faut-il se spécialiser dans un style de yoga ? Et si oui, lequel : Hatha ? Vinyasa ? Yin ? Ashtanga ? Faut-il s’adapter à la demande du public (en délire) ou de la sensibilité du prof ? Je pense que lorsque l’on débute en tant que prof, il vaut mieux d’abord choisir son style ! Si vous n’êtes pas encore au clair avec votre style, posez-vous la question suivante. Si vous deviez préparer votre premier cours, choisiriez-vous spontanément un cours de Yoga Hatha ? Hatha Flow ? Vinyasa ? etc. La réponse est généralement alignée avec le style de yoga que l’on pratique soi-même le plus. Lorsque l’on est à l’aise avec l’enseignement d’un style de yoga, et que l’on a acquis suffisamment confiance en soi, il est alors plus aisé de se challenger en élargissant le panel de cours. Mais chaque chose en son temps !

6/ Être transparent et dire que l’on débute en tant que prof de yoga

Et si les participants voient que je ne suis pas à l’aise ? Et si je tremble ? Si je bafouille ? Je m’évanouis ? Je me fais pipi dessus ? STOOOOOOOOOOP !! C’est normal d’être stressé.e lorsque l’on entame une nouvelle activité, d’autant plus lorsque celle-ci nous amène à être devant un public et à avoir une posture ‘d’expert’. Si le stress et l’anxiété sont tels qu’ils pourraient entraver la bonne conduite d’un cours, je vous conseille l’astuce suivante. Soyez transparent.e.s et annoncez d’emblée que vous débutez en tant que prof de yoga, et que vous êtes un peu stressé.e (mais pas que vous vous êtes fait.e.s pipi dessus, un peu de tenue quand même !). Non seulement cela ne change strictement rien au respect que l’on vous portera (heureusement d’ailleurs !), mais en plus cela renforce le climat de bienveillance. Cela vous mettra beaucoup plus à l’aise.

7/ Mémoriser une séquence d’une heure par cœur, qui sert de base à tous les cours

Créez le contenu d’une séance et testez-la avec un public. Si cette séquence vous convient, mémorisez-la ! C’est celle qui vous servira de base à tous les cours. Cela signifie que votre cours suivra la même structure, avec plus ou moins le même enchainement. Pour inclure un peu de variété, remplacez quelques postures de votre séquence par d’autres postures, et le tour est joué ! Il n’est pas nécessaire de refondre complètement le contenu du cours à chaque séance. En ce qui me concerne, j’adapte la structure de mon cours standard de Yoga Hatha en fonction du public (débutant/ pas débutant/ blessures, etc.), de leurs attentes (souplesse, perte de poids, détente, etc.) et de leurs préférences (ce qu’ils aiment/ n’aiment pas).

8/ Prendre en compte que la droite et la gauche sont inversées quand on est face au groupe !

Que l’on donne un cours en présentiel ou en ligne, on fait face au groupe. Nous faisons donc l’essentiel des postures en miroir avec le groupe. Cela signifie que la droite et la gauche sont inversées. C’est LA gymnastique du cerveau des profs de yoga. Lorsque l’on souhaite que les participants lèvent le bras droit, il faut lever le bras gauche pour agir en miroir avec eux. Si l’on souhaite qu’ils fassent la posture de l’arbre en levant le pied droit, il faut lever le pied gauche. Je n’avais pas forcement pris cela en compte lorsque j’ai débuté mes cours, en présentiel et sur YouTube. En soi, ce n’est pas dramatique. Mais cela ajoute un peu de confusion pour les participants qui se demandent ce qu’on a bu avant de venir.

9/ Rassurer les débutants, les encourager et ne pas faire de postures trop difficiles

Souvenons-nous de nos premiers cours. Repensons à toutes ces postures qui nous paraissaient tellement difficiles, voire inaccessibles. Remémorons-nous ces moments de désarroi quand les profs de yoga et la majorité des élèves exécutaient des postures de dingues et que nous regardions autour de nous en nous demandant « What The Fuck ? ». Lorsqu’il y a une majorité d’élèves débutants (moins de 6 mois de pratique), il me semble important de ne pas proposer des postures trop difficiles. Cela aurait pour conséquence de les démoraliser. Même si certaines postures semblent a priori « faciles », elles peuvent être peu accessibles pour certaines personnes. Mais ce n’est pas grave ! Ce qui compte selon moi, c’est que chacun puisse trouver son compte en étant relativement à l’aise avec certaines postures, et se sente un peu « challengé » avec d’autres postures. C’est important à la fois pour renforcer l’estime de soi, et conserver la motivation de progresser.

10/ Dans un cours de niveau mixte, prévoir des variations de postures

Si le niveau du cours est mixte, c’est-à-dire qu’il comporte des personnes de niveau débutant, intermédiaire et avancé, alors il est judicieux de prévoir des variations des postures. Chaque posture de yoga peut être déclinée avec plusieurs niveau de difficulté. Pensons à la posture de l’arbre, où la jambe droite serait la jambe d’appui. Le niveau 1 (facile) serait d’avoir les orteils du pied gauche au sol, et le talon contre le mollet. Le niveau 2 consisterait à poser le plat du pied gauche à l’intérieur de la jambe sous le genou. Le niveau 3 serait de poser le plat du pied à l’intérieur de la cuisse au-dessus du genou. Une fois que l’on a compris la logique, on réalise que même les postures super avancées peuvent être appréhendées progressivement par les débutants. Par exemple, le niveau 1 de la posture du scorpion est la posture du dauphin.

11/ Pour les cours particuliers ou les petits groupes, adapter le contenu en fonction des demandes

Le contenu des cours particuliers est conçu sur-mesure en fonction de la demande de la personne. Cette demande pouvant varier d’un cours à l’autre, il s’agit de faire preuve de créativité et d’adaptation ! Plutôt que de paniquer et de partir en courant, il est possible de reprendre le contenu de notre cours standard et d’y proposer davantage de customisation. Lorsqu’une cliente m’indique être épuisée et vouloir un cours « facile », je propose essentiellement des postures passives et on prend le temps de respirer. Lorsqu’elle a de l’énergie, j’inclus des salutations au soleil, un peu plus de renforcement musculaire et je la challenge un peu avec certaines postures. Parfois j’adapte le contenu en cours de route, en fonction des demandes qui émergent ou que je perçois (frustration exacerbée = trop de challenge). Lorsqu’il s’agit d’un petit groupe, il est possible d’ajuster le cours à la marge en demandant comment les gens se sentent ou s’ils ont des demandes particulières.

12/ Demander des feedbacks à la fin du cours

En fin de séance, je trouve intéressant de remercier les participants et de leurs demander des feedbacks. Les feedbacks sont les retours à chaud des participants sur la séance. Ils peuvent donc être positifs ou négatifs. C’est très utile puisque cela permet d’identifier les points forts et les axes d’amélioration dans notre pratique. Même dans le cas où certains participants ont des points de vue divergents (« j’aime pas cette posture », « ah bon, mais moi j’adore ! »), cela permet d’affiner ce que chacun aime ou n’aime pas. Dès lors que certaines personnes sont régulières à vos cours, il est possible d’ajuster le contenu du cours à la marge, ou bien de faire une petite boutade sur le sujet. « Alors maintenant on va passer à la posture que Martine déteste : le corbeau ! Alors Martine, il est où ton corbeau ? Couac Couac ». Une boutade sobre et fine (donc pas celle-ci) permet de donner le sourire à Martine (ou pas) et de montrer que l’on a conscience de l’effort qu’elle fournit pour sortir de sa zone de confort.

13/ Proposer un tarif attractif, pour s’entraîner et acquérir des clients

Ce conseil s’applique aux profs de yoga qui sont libres de fixer leur prix. Ce n’est pas le cas de ceux qui travaillent en studio. Un prix attractif permet d’apaiser l’angoisse de performance du prof. Mes tous premiers cours de yoga étaient gratuits. Mon objectif était de m’entrainer et d’être plus à l’aise avec la posture de prof, la gestion du temps et ma séquence de cours. De plus, un tarif attractif (ou bien la gratuité) permet d’attirer ses premiers élèves ! Le tarif fait donc partie de la stratégie marketing. Avec le temps et la pratique, il devient possible d’atteindre des prix de marché. Il est certainement possible de trouver des clients en démarrant avec un tarif élevé. Mais cela s’applique plutôt lorsque la demande est très forte et que l’offre (le nombre de prof de yoga) est très faible. Ou alors il faut être hyper populaire sur Instagram et avoir des followers riches ! Autant dire que je n’ai aucune expérience dans ce domaine…

14/ C’est ok de ne pas plaire à tout le monde !

Au yoga, au travail, en société, c’est partout pareil. On ne peut pas plaire à tout le monde ! Même les profs de yoga les plus populaires ne font pas l’unanimité. Chaque prof a son style. Notre personnalité et nos intérêts forgent le type de prof que l’on devient. Certains profs de yoga sont plus spirituels, d’autres plus centrés sur l’aspect postural et anatomique. Certains sont dynamiques, d’autres plus calmes. Je ne pense pas qu’il faille se forcer à changer son style pour plaire. Chaque prof trouve son public. Ce qui importe selon moi, c’est de témoigner du respect et de l’intérêt à chaque élève. Enfin, il est bénéfique d’avoir une volonté d’apprendre, de se développer, se remettre en question, évoluer. Mais ça, ça s’applique dans tous les champs de la vie, non ? 😉

15/ Profs de yoga: jetez-vous à l’eau !

Il parait que plus on attend avant de se lancer dans la grande aventure des profs de yoga, et moins il y a de chances que cela se concrétise. Le meilleur moment pour se lancer, c’est juste après la formation de prof (les 200 heures). Si votre formation vous a bien preparé.e.s, vous avez normalement dû avoir l’opportunité de donner un ou deux cours. Ne vous arrêtez surtout pas ! Donnez des cours à votre famille, vos amis, et à quiconque est intéressé.  Il arrive un moment ou le plus important n’est pas de se poser un million de questions, mais de passer à l’action. C’est aussi en faisant que l’on apprend. Alors, préparez votre premier cours et jetez-vous à l’eau !

Namaste.

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